Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                     LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE > - N°14 - Année 2009

 

 

COLONEL FAURE LA JONQUIERE

RETOUR ACCUEIL

 

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Monographie de Frère Léodère Géry
- Le site polonais de Faure de la Jonquière
- La biographie Nouvelle sur les hommes, qui depuis la révolution Française, ont acquis de la célébrité.
- Le 76° d'infanterie
- Les habits de l'infanterie de ligne
- La correspondance de Napoléon les jours précédents et suivant la mort de Faure de la Jonquière

 

Jean-Pierre Antoine, Faure Lajonquière, né à Revel le 30 avril 1768, s'engagea comme volontaire au bataillon de la Haute-Garonne le 13 juillet 1791.

Les huit campagnes auxquelles il prit part, lui valut d'avancer rapidement dans les différents grades de l'armée, jusqu'à celui de colonel.

Il mourut à Domnau le l5 juin 1807, par suite de blessures qu'il avait reçu à la bataille de Friedland.

Il fut officier de la légion d'honneur le 25 prairial, an XII, commandant de la Légion d'honneur le14 nivôse, an XIV.

 

 Source « MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE Revel » par Frêre Léodère Géry

 

 

La maison de la famille Faure – La Jonquière se situait sous la galerie nord de la place centrale de Revel (actuelle Maison Trouche – notaire).
Dans la monographie sur Revel, Gustave Doumerc date sa construction de l’année 1771.

  MAISON FAURE  


Le Colonel  FAURE, dit FAURE-LAJONQUIERE (Jean-Pierre-Antoine) a eu un fils (Elisée Faure) qui deviendra maire de Revel en février 1800 (ventôse an VIII) une seconde fois d’avril 1806 à l’année 1809.

Elisée eut deux fils restés célibataires qui ont vécu dans la maison  de la galerie du nord, l’un d’eux  FAURE-LAJONQUIERE Marc-Antoine né le 28 pluviôse an V (16 février 1797)  fut élève à l’école de Soréze de 1809 à1816)

 

 

SOMMAIRE

Informations relevées sur site internet polonais(  icerowie le Grande Armée polegli lub) …

 Oficerowie le Grande Armée polegli lub zmarli podczas kampanii 1806-1807

 FAURE, dit FAURE-LAJONQUIERE (Jean-Pierre-Antoine) Ur: 30 Kwiecień 1768, Revel (Haute-Garonne); Ochotnik 4-go batalionu ochotników Haute-Garonne: 13 Lipiec 1791; Podporucznik: 11 Listopad 1791; Porucznik: 8 Marzec 1792; Kapitan: 1 Styczeń 1793; W Armii Alp (l'Armée des Alpes): 1792; W oblężeniu Tulonu: 1793; W Armii Wschodnich Pirenejów (l'Armée des Pyrénées Orientales): 1794-1795; Podczas pierwszego amalgamatu dołączony do 130 półbrygady: 1 Lipiec 1795, i do 4 półbrygady piechoty liniowej, podczas drugiego amalgamatu: 12 Marzec 1796; W Armii Włoch (l'Armée d'Italie), ranny pod Casseria: 13 Kwiecień 1796, Saint-Georges (Mantua): 15 Wrzesień 1796; W Gwardii konsularnej jako kapitan grenadierów pieszych: 3 Styczeń 1800; Szef batalionu: 9 Grudzień 1801; Pułkownik 76 pułku piechoty liniowej: 22 Grudzień 1803; Garnizon Hanoweru: 1804-1805; Oficer Legii Honorowej: 14 Czerwiec 1804; Podczas kampanii 1805 w Wielkiej Armii, gdzie odznaczył się pod Elchingen: 14 Październik 1805; Komandor Legii Honorowej: 25 Grudzień 1805; Wziął udział w kampaniach 1806 i 1807; Zmarł 15 Czerwca 1807 w Domnau (Domnovo) [obecnie Rosja, ok. 12,5 km. na północny-wschód od Bargationowska] na skutek ran odniesionych w przeddzień bitwy pod Frydlandem, 13 Czerwca 1807

. Aimablement traduit du Polonais par Mr. Jankowski de la librairie "Tome 19" rue Marius Audouy.

Les officiers de la Grande Armée morts ou tués
 pendant la campagne 1806-1807

FAURE, dit FAURE-LAJONQUIERE (Jean-Pierre-Antoine), né le 30 avril 1768 à Revel (Hte-Garonne) ;

Chronologie

  1. Volontaire au 4ème bataillon volontaire de Haute – Garonne : 13 juillet 1791 ;
  2. Sous-lieutenant ; 11 novembre 1791 ;
  3. Lieutenant 8 mars 1792 ;
  4. Capitaine :1er janvier 1793 ;
  5. Dans l’Armée des Alpes : 1792 ;
  6. Au siège de Toulon : 1793 ;
  7. Avec l’armée des Pyrénées Orientales : 1793 ;
  8. Pendant le premier « mélange » ( ?) rattaché aux 130 demi-brigades : 1er juillet 1795 et dans 4 demi-brigades d’infanterie Pendant la deuxième période : 12 mars 1796 ;
  9. Avec l’Armée d’Italie, blessé à Casseria : 13 avril 1796. A Saint-Georges (Mantua) : 15 septembre 1796 ;
  10. Dans la Garde consulaire en qualité de capitaine d’infanterie des grenadiers : 3 janvier 1800 :
  11. Chef de bataillon : 9 décembre 1801 ;
  12. Colonel dans le 76è régiment d’infanterie : 22 décembre 1803 ;
  13. Garnison de Hanovre : 1804-1805 ;
  14. Officier de la légion d’honneur : 14 juin 1804 ;
  15.  Pendant la campagne 1805 dans la Grande Armée, où il s’est distingué à Elchingen : 14 Octobre 1805 :
  16. Commandant de la légion d’honneur : 25 décembre 1805 ;
  17. Apris part à la campagne 1806 & 1807 ;
  18. Décédé le 15 Juin 1807 à Domnau (Domnovo)

( actuellement en Russie), environ 12.5 km au nord est de Bargationowska à la suite de blessures subies la veille de la bataille de Friedland le 13 juin 1807.

SOMMAIRE

  biographie nouvelle  

 

FAURE JONQUIERE (Jean-Pierre-Antoine), colonel du 67ème régiment, commandant de la légion d’honneur, naquit à Revel, département de la Haute Garonne le 30 avril 1768.
Les sentiments les plus libéraux et le plus pur patriotisme l’enlevèrent à ses foyers, et lui firent trouver sous les drapeaux la gloire et le trépas des braves.


Il partit comme volontaire dans le 4ème bataillon de la Haute Garonne, le 13 juillet 1791, et devint sous-lieutenant le 11 novembre de la même année, et lieutenant le 6 mars 1792.


Son bataillon ayant été envoyé à l’armée d’Helvétie, il concourut à la prise de Nice.
Capitaine de grenadiers, en 1793, dans le même bataillon, devenu 130ème demi-brigade, il passa dans la division Lestrade et prit part au combat de la Monta.

Au siège de Toulon, faisant partie de la division Dugua, il se signala par un trait de bravoure qui eut pour témoin l’armée entière.

Le 15 germinal, à la tête de 100 tirailleurs, il traversa le Theck en plein midi, attaqua et enleva un poste de 150 hommes, et repassa la rivière sans autre perte que celle de 3 hommes tués et de 7 blessés. Cette action eut lieu en présence de la cavalerie ennemie, qui n’osa point charger.

Le capitaine Faure la Jonquière passa à l’armée des Pyrénées-Orientales, où il fit les campagnes de l’an 2 et de l’an 3 ; il se trouva aux attaques du Boulon, du fort Saint-Elme, de la Fonderie, de la Montagne Noire, de Figuières et de la  Fluvia ; aux combats du Moulin, de l’Etoile et de Bezalue.
En l’an 4, la 130 ème demi-brigade devint la 39ème, et fit partie de l’armée d’ Italie.
Le capitaine Faure la Jonquière assista à toutes les affaires des campagnes de l’an 4 et de l’an 5 : aux combats de Millésimo, de la redoute de Céva, du Tanaro, du pont de Céréa, à l’attaque de Mantoue, à la prise de Lugo, Borguetto ; aux batailles de Loano, Mondovi ; aux passages du pont de Lodi et du Mincio, à Bassano, à Arcole, enfin au passage du Tagliamento.


Il se fit remarquer plusieurs fois, entre autres : le 2 frimaire an 4, avec deux compagnies de grenadiers, il força un poste autrichien qui s’était enfermé dans la Chartreuse du Tuiranno.


Le général Tiernay, son état-major et 471 soldats tombèrent au pouvoir du vainqueur.

Le 16 thermidor, à la bataille de Castiglione, chargé avec 80 tirailleurs d’éclairer la marche du 2ème bataillon, en chargeant avec intrépidité les avant postes ennemis, il facilita à nos troupes la prise de 3 pièces de canon et de 6 caissons qui  incommodaient beaucoup le régiment.
Elles protégeaient en outre la retraite d’un corps de 15000 hommes, qui fut fait prisonnier.
Les 80 tirailleurs perdirent un officier et eurent 46 hommes tant tués que blessés.
Après avoir fait  les campagnes de l’an 6 et de l’an 7, à l’armée d’Angleterre, il fit une partie de la campagne de l’an 8 aux armées de Hollande et du Rhin.


Le 13 nivôse an 8, il passa dans la garde consulaire, et prit part à la bataille de Marengo à la tête d’une compagnie de grenadiers de la garde.


Le 15 frimaire an 10, il fut promu au grade de chef de bataillon, et le 13 frimaire an 12, à celui de colonel du 75ème régiment.


Le 26 prairial suivant, il reçut la croix d’officier de la légion d’honneur.
Le colonel Faure la Jonquière se distingua dans les campagnes de l’an 12 et de l’an 13, à l’armée de Hanovre.
Il fit la campagne d’Autriche dans le corps du Maréchal Ney, division Dupont, et commandait son régiment au combat d’Albeck, ou 6000 français mirent en déroute 25000 ennemis sortis d’Ulm.
L’empereur récompensa le colonel la Jonquière de sa belle conduite par la croix de commandant de la légion d’honneur.


Il suivit le même corps dans la conquête du Tyrol ; et fut encore commandé par les mêmes généraux à Iéna, au siège de Magdebourg, et à la bataille de Friedland, où il fut atteint d’une balle qui lui traversa le cœur au moment où il chargeait à la tête de son régiment.


Le maréchal Ney donna les marques les plus vives du regret que lui causait la mort de ce brave officier, dont il avait apprécié les talents et le courage.


(in  « Biographie nouvelle des contemporains ou dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution française, ont acquis de la célébrité » Paris 1823 – Librairie historique Hotel d’Aligre)

Napoléon Ier sur le champ de bataille de Frietland
le 14 juin 1807 ou il ordonne au Général Oudinot
de poursuivre l'armée russe

(tableau de Vernet , Musée de Versaille).

 

 

 

SOMMAIRE

au fort de la bataille, 
le 76ème , un fier régiment

Historique des régiments
Le 1er régiment d'infanterie légère
Jérôme CROYET.
Docteur en Histoire, archiviste adjoint aux A.D. Ain
Conférencier à l'Université Lumière
Lyon II


La 76e a accompli des prodiges de valeur (1800)


Le 1er Régiment d'Infanterie Légère est formé en 1803 à partir du 2e bataillon du 102e Régiment d'Infanterie de Ligne.


Sous la Révolution, le futur 1er Régiment d'Infanterie Légère combat de 1792 à 1797 à l'armée du Nord. Il se distingue le 6 novembre 1792 lors de la prise de Menin et le 21 novembre 1794 à la prise de la redoute de Burik, lors de l’invasion de la Hollande. 


De 1796 à 1798, le régiment est à l’armée d’Allemagne, puis à l’armée du Danube et d’Italie en 1801. 
Le 21 mai 1800, à Bregenz, le chasseur François Certout fait une action d’éclat qui lui vaut un fusil d’honneur le 16 juillet 1801. Il traverse une partie du lac de Constance à la nage pour atteindre, en silence, une des portes de la ville qu’il ouvre à ses camarades, permettant la prise de la cité. Un mois plus tard, lors du passage du Danube, le 18 juin, c’est au tour d’un carabinier du régiment de se couvrir de gloire : François David prend un drapeau autrichien
[1].
En 1804, le 1er léger reçoit 3 aigles et drapeaux modèle Picot. Le régiment est au camp de Boulogne en 1805. Là, les chasseurs se transforment en marins aguerris, le 30 janvier, lorsqu’une chaloupe contenant une trentaine de chasseurs, sous les ordres du sergent Jacquet, est prise à partie par trois frégates anglaises. Du fait des combats, un incendie se déclare à bord; malgré le feu, les chasseurs réussissent à se dégager et à rentrer à Boulogne. 
Le régiment combat en Italie, principalement en Calabre, jusqu’en 1808. Cette année là il quitte la péninsule italienne pour rejoindre la Catalogne et l’Espagne, où il reste jusqu’en 1813, date où il rejoint la Grande Armée en Allemagne. En 1812, le régiment ne met qu’un aigle en service. Son drapeau, du modèle 1812 avec aucune inscription, n’est pas emporté et reste au dépôt. 


Suite à la défaite de Leipzig, le régiment participe à la campagne de France en 1814. Tandis qu’une partie du régiment combat à Châlons sur Marne, le 3 février, une autre partie combat victorieusement sous les ordres du prince Eugène les Autrichiens au Mincio, en Italie le 9 février. Les derniers combats livrés par le 1er léger sont sous les murs de Lyon, le 18 mars 1814, à St Georges, où le maréchal Augereau est battu et le 20 mars à Limonest, où il fait partie de la division Pannetier. 


Le 12 mai 1814 le régiment est renommé 1er Régiment d'Infanterie Légère du Roi. 
Lors des Cents Jours, le régiment perçoit une nouvelle aigle. Lors de la campagne de Belgique, le 1er léger est dans la brigade Bauduin, à la 6e division d’infanterie du II corps. Il compte 3 bataillons pour 1824 hommes et 64 officiers. Le 1er léger combat le 16 juin à Quatre Bras et le 18 à Waterloo. C’est durant cette bataille que le 1er Régiment d'Infanterie Légère signe son dernier fait d’arme impérial avec le sous lieutenant Legros, qui à la tête d’une cinquantaine de voltigeurs du régiment, abat la porte de la ferme d’Hougomont, y entrent et se battent jusqu'à la mort contre 200 Hanovriens. Durant la bataille, lorsque le colonel de Cubières donne l’ordre de retraiter, le porte drapeau tombe blessé sans que personne ne s’en aperçoive. Réalisant que l’aigle n’est plus là et qu’il risque de tomber dans les mains adverses, le colonel s’élance pour le récupérer. Lorsque l’officier anglais voit cela, il ordonne un cessez le feu à sa ligne de tirailleurs, laissant le temps au colonel de rejoindre les lignes françaises avec l’aigle avant de reprendre le feu.


Le 1er Régiment d'Infanterie Légère est définitivement supprimé par Louis XVIII le 3 août 1815 et son aigle détruit à Bourges.
Durant les campagnes du 1er Empire, le régiment perd 26 officiers tués et 76 blessés.
Le régiment recrute beaucoup dans l’Ain, surtout dans le centre du département et dans le pays de Gex. Ce sont plus de 162 soldats de l’Ain qui servent au 1er Régiment d'Infanterie Légère durant cette période.

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Officiers tués ou blessés du 76e de 1804 à 1815)
Tués: 25
Morts de blessures: 12
Blessés: 139

Colonels et chef de brigade
1794: Goree (?) - Chef-de-Brigade
1803: Faure Lajonquiere (Jean-Pierre-Antoine) - Colonel
1807: Chemineau (Jean) - Colonel
1811: Chabert (Louis) - Colonel
1815: Morice de la Rue (Victor-antoine) - Colonel

Batailles et combats
1794: Le Cateau, Maastricht
1795: Evron, Fougères
1796: Kehl
1800: Moeskirch, Kirchberg, Ampfingen, Hohenlinden
1805: Elchingen, Ulm
1806: Iéna
1807: Deppen, Friedland
1809: Essling, Wagram, Tamames, Cuidad-Rodrigo, 
1810
: Busaco
1811: Redhina, Miranda-del-Corvo, Fuentes-d'Onoro
1812: Les Arapiles
1813: Col de Mayo, Pampelune
1813: Kulm, Dresden
1814: Bayonne, Orthez, Toulouse
1815: Ligny, Wavre


HISTORIQUE DU REGIMENT

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SOMMAIRE

Infanterie de ligne 1800-1806

L’infanterie de ligne gardait, à l’avènement de l’Empire, l’allure des demi-brigades de la Révolution. L’habit était celui décrété par l’Assemblée nationale le  27 juillet 1791, appelé “habit national” : bleu de roi, doublure blanche ; parements et collet écarlate à passepoil blanc ; revers blancs à passepoil écarlate ; Les pans, retroussés et agrafés étaient amples et longs. Chaque régiment avait tendance à se singulariser par une particularité au niveau des couleurs des parements et de leur patte, ainsi que des ornements de retroussis ;  cœurs, losanges ou carreaux, étoiles, chiffres, aigles...
Le bouton était jaune, frappé du numéro du régiment.
La coiffure était le chapeau à trois cornes, qui devait se porter “à l’ordonnance”, c’est à-dire enfoncé sur le sourcil droit, la corne de devant placée au dessus du sourcil gauche, découvert de l’épaisseur d’un demi-pouce.
Les grenadiers portaient le plumet ou le pompon rouge, les épaulettes rouges et la grenade rouge aux retroussis. Dans certains corps ils portaient le bonnet à poil (dit oursin) garni d’une plaque de cuivre. Les compagnies de fusiliers se distinguaient au moyen de pompons de forme et de couleur arbitraires, car les prescriptions du règlement de 1786 à ce sujet étaient tombées en désuétude.
Les musiciens portaient des tenues variées, dans lesquelles la fantaisie se donnait quelquefois libre cours.

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Les dessinateurs allemands ont fixé l’image des soldats de la Grande Armée, tels qu’ils leur sont apparus au cours des campagnes de 1805 et de 1806. Le chapeau se porte le plus souvent en colonne (une corne en avant). Les soldats portent le pantalon. Effet non réglementé à cette époque, il est de couleurs variées et présente souvent, une grande fente dans le bas des jambes, du côté extérieur, afin de faciliter le passage du pied chaussé.
La capote fut déjà ordonnée et portée dès les premières campagnes de la Révolution, mais cette mesure ne fut jamais complètement appliquée, et sous le Directoire, la capote se fit de plus en plus rare. Pendant la campagne de 1805, dont l’épilogue eut lieu dans les plaines glacées de Moravie, la nécessité de ce vêtement se fit sentir plus que jamais. Les corps s’en procurèrent comme ils le purent, usant de redingotes civiles ou au moyen de réquisitions. On ne s’étonnera donc pas d’en trouver de toutes couleurs.

La capote devint réglementaire le 25 avril 1806.
Le col noir qui devait être porté en campagne était souvent remplacé par des mouchoirs de nuances diverses.
Les officiers portent le surtout. Celui varie dans sa forme, mais aussi dans la disposition des couleurs, certains étant entièrement bleus, d’autres gardant les couleurs de l’habit sur le collet, les parements, les retroussis, sans qu’il y ait eu de règle écrite à cet égard.

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Infanterie de ligne 1808-1812

 

 
Au cours des années 1808-1809, la tournure du soldat d’infanterie atteint l’apogée du style impérial, telle qu’elle est restée dans les imaginations : le schako, agrémenté d’un cordon et d’une plaque décorative, campe la silhouette. De plus en plus souvent, des jugulaires de cuivre complètent la coiffure.
Le chevron de cuir destiné à renforcer latéralement le schako est supprimé.
Pendant cette période, l’habit continue son évolution : il se raccourcit, la taille remonte, les revers sont plus échancrés, les retroussis sont factices.
Les grenadiers continuent, quand ils le peuvent, à se coiffer du volumineux bonnet de peau d’ours. Mais le blocus continental rend l’approvisionnement en peaux de plus en plus difficile. D’année en année, l’évolution de la silhouette du fantassin se poursuit : sous la double pression de la mode et de l’économie, l’habit se fait de plus en plus court, étriqué, sans tenir compte du bien être du soldat.. Le triangle de drap du fond, qui subsistait au bas des pans, à la jonction des retroussis, disparaît. Plusieurs régiments portent la doublure des pans et les retroussis rouges.

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Caporal du 54e de ligne.

Une circulaire du 9 novembre 1810 prescrivait que la plaque de schako aurait la forme d’un losange, avec le numéro du corps, estampé ou évidé, au milieu de la plaque. Cette circulaire supprimait le plumet et le cordon de shako, ornement devenu inutile depuis l’adoption des jugulaires, mais qui continua néanmoins à être porté dans quelques régiments.

Une circulaire du 21 février 1811 fixait la couleur des houpettes, qui devaient être rondes, plates, de cinq centimètres et demi de diamètres, et d’un centimètre d’épaisseur, sans numéro : vert foncé pour la 1ère compagnie, bleu céleste pour la 2e, aurore pour la 3e et violet pour la 4e.

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Fusilier du 8e régiment, d'après le manuscrit de Otto

 

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Voltigeur du 33e régiment(1812).

 

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Chef de bataillon du 29e régiment  (1811-1812)

Infanterie de ligne 1807

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Officier de grenadiers du 63e régiment.
Cliquez sur l'image pour la voir en grand

Le chapeau à cornes, porté depuis le début du 18ème siècle, était incommode et très critiqué par les troupes. Aussi, un décret  du 25 février 1806 portait : “A dater du renouvellement de 1807, le shako sera la coiffure de l’infanterie de ligne.” Une circulaire du 27 mars 1806 précisait que le shako aurait un feutre de 18 cm de haut sur 23 cm de large dans son diamètre supérieur. Les côtés du feutre devaient être renforcés de deux bandes de cuir disposées en chevron. La plaque devait être en cuivre, ornée de l’aigle impériale en relief, et du numéro du corps, estampé à jour.

Un autre décret, du 25 avril 1806 ordonnait que l’infanterie de ligne prendrait l’habit blanc. Les régiments devaient être distingués entre eux au moyen de dispositions de couleurs distinctives sur le collet, les parements et les revers. Quelques régiments furent désignés pour commencer le remplacement des habits à partir de 1807.

Le décret du 24 juillet (1806) donne le tableau des couleurs distinctives que devront prendre ultérieurement les 112 régiments d'infanterie de ligne.
Elles sont réparties par séries de huit régiments.
 

1 à 8 vert impérial
9 à 16 panne noire
17 à 24 écarlate
25 à 32 capucine
33 à 40 violet
41 à 48 bleu céleste
49 à 56 rose
57 à 64 aurore
65 à 72 bleu foncé
73 à 80 jonquille
81 à 88 vert de pré
89 à 96 rouge garance
97 à 104 cramoisi
105 à 112 gris de fer.

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Grenadier du 3e régiment

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Sapeur du 22e régiment

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Voltigeur du 22e régiment

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Fusilier du 33e

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Habit du 3e régiment

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Habit du 14e régiment

L’habit blanc fut mal accueilli par les troupes : il était plus salissant que l’habit bleu, et les moindres blessures paraissaient plus graves qu’elles ne l’étaient en réalité.
Le 2 octobre 1807, l’Empereur décida que l’infanterie de ligne reprendrait l’habit bleu. Quelques régiments, comme le 45e et le 63e, tout en revenant au bleu national, gardèrent pendant un certain temps la couleur distinctive qui leur avait été attribuée.

SOMMAIRE

 

Correspondance militaire
de Napoléon Ier pendant la période qui précède et succède au deces de FAURE la JONQUIERE…
Extraite de la correspondance générale et publiée
Par ordre du ministère de la guerre
Tome cinquième
Paris - 1876


  
930. - MOUVEMENTS DE L’ENNEMI CONTRE BERNADOTTE. ‑ AVIS ET ORDRES.
 
AU MARÉCHAL SOULT, A SPORTHENEN.
 
Finkenstein, 5 juin 1807.


 
Mon Cousin, je reçois au moment même, à deux heures après midi, une lettre du maréchal Ney qui m’écrit, à sept heures du matin, que son avant-­garde a été attaquée à six heures à Altkirch ; il a dû vous en prévenir. Il paraît qu’hier le maréchal prince de Ponte‑Corvo a été aussi attaqué légèrement. Qu’est‑ce que tout ceci veut dire ? Tout porte à penser qu’il y a un mouvement chez l’ennemi, quoiqu’il soit absurde de sa part d’engager une affaire générale, aujourd’hui que Danzig est pris. Je viens toutefois d’ordonner que demain, à midi, toute la cavalerie soit réunie. Je n’ai pas de nouvelles de vous, ce qui me fait supposer que vous n’avez pas été attaqué.
 
Je serais fort aise que l’ennemi voulût nous éviter d’aller à lui. Mon projet était de me mettre en mouvement le 10. J’ai fait toutes mes dispositions de magasins pour aller à sa rencontre à cette époque.
 
J’imagine que vous aurez appelé à vous toute votre cavalerie légère.
 
Je vous prie, si le maréchal Ney est obligé d’évacuer Guttstadt, et dans ce cas il se retirera sur Deppen, de porter votre attention sur sa gauche, et de favoriser sa retraite, si tant est qu’il soit contraint à la faire.
 
NAPOLÉON.

 

931. ‑ ORDRE DE SE CONCENTRER A OSTEROW ;
 
MANŒUVRES PROJETÉES.
 
AU MARÉCHAL DAVOUT.

 
Finkenstein, 6 juin 1807, 8 heures du soir.


 
Mon Cousin, l’ennemi a été repoussé hier devant le prince de Ponte‑Corvo et devant le maréchal Soult. Il a alors pris le parti de se dégarnir devant  pour se porter avec plus de forces sur le maréchal Ney. Le maréchal Ney est vis-à-vis Deppen. Le prince de Ponte‑Corvo et le maréchal Soult occupent encore leurs têtes de pont ordinaires. Dans cette situation de choses, vous comprenez facilement qu’il est bien urgent que vous soyez réuni à Osterode avec toutes vos forces et les deux divisions de dragons, à la rencontre desquelles il faut envoyer, et que vous puissiez appuyer ainsi la droite du maréchal Ney. Que fera l’ennemi ? Continuera­-t‑il à marcher sur Allenstein, quand nous occupons encore Deppen et Liebstadt ? Tout cela peut donner lieu à des événements forts singuliers. Toute ma cavalerie et mon infanterie de réserve se réunissent à Saalfeld et Mohrungen ; moi-même je serai à Saal­feld dans une heure, bien désireux d’avoir de vos  nouvelles deux ou trois fois dans la nuit, s’il est possible. Il faut ne rien laisser à Allenstein et faire tout évacuer sur Marienwerder, car c’est par Marienwerder, Marienburg et Danzig qu’est ma ligne d’opération. L’ennemi manœuvre comme si ma ligne était sur Thorn. Vous aurez choisi des posi­         tions à Osterode, qui en offre de si avantageuses, pour obtenir l’ennemi s’il avance jusque-là. Vous        êtes l’extrémité de ma droite ; jusqu’à cette heure  mon intention est de pivoter sur vous. Je compte sur le courage de vos corps d’armée et sur votre fermeté ; mais beaucoup de canons et de bonnes positions, afin, à tout événement, de gagner tout temps possible. Je n’entends, par cette lettre, rien contremander à l’ordre que vous avez de soutenir Alt‑Ramtem ; c’est la tête d’Osterode.
 
Comm. par Mme la maréchale princesse d’Eckmühl.
(En minute aux Arch. de l’Emp.)
 


 
932. – TROUPES EN MARCHE POUR APPUYER LE MARÉCHAL LANNES. – INSTRUCTIONS ET AVIS.
 
AU MARÉCHAL LANNES.
 
Preussich-Eylau, 13 juin 1807, 9 heures du soir.


 
Mon Cousin, mon officier d’ordonnance arrive à l’instant. Il ne me donne pas assez de renseignements pour me faire connaître si c’est l’armée ennemie qui débouche par Friedland, ou seulement un parti. Dans tous les cas, la division Grouchy est en marche, et ce général, de sa personne, se rend sur-le-champ auprès de vous pour commander votre cavalerie. Le maréchal Mortier envoie aussi sa cavalerie pour appuyer le vôtre et se met en mouvement avec son corps d’armée. Selon les nouvelles que je recevrai, je ferai partir, à une heure du matin, le maréchal Ney pour vous soutenir.
 
Le grand-duc de Berg est aux portes de Kœnigs­berg : on entend une vive canonnade contre le corps du général l’Estocq ; il paraît que le maréchal Soult a atteint, à Kreuzburg, l’arrière-garde de l’Estocq ; la fusillade et la canonnade n’ont duré qu’une demi-heure, ce qui fait supposer que cette arrière-garde a été culbutée. Le grand-duc n’attendait que de savoir que Domnau n’était pas occupé par l’ennemi, pour marcher avec l’infanterie sur Kœnigsberg.
 
Le maréchal Davout est sur la Frisching. J’attends à chaque instant de nouveaux détails.
 
Si, par les renseignements que vous aurez obtenus de vos prisonniers, vous avez été certain que l’ennemi n’était pas en force, je suppose que vous serez entré à Friedland et que vous vous serez rendu maître de ce poste important. Le 1er corps sera à Domnau, s’il est nécessaire, demain avant dix heures du matin. Ecrivez moi toutes les deux heures ; envoyez moi l’interrogatoire des prisonniers, et, si vous êtes à Friedland, envoyez moi le bailli, avec beaucoup de renseignements.
 
NAPOLÉON.
 
Comm. par M. le duc de Montebello.
(En minute aux Arch. de l’Emp.)
 
 


933. ‑ INSTRUCTIONS POUR S’EMPARER DE KOENIGSBERG.
 
AU GRAND‑DUC DE BERG.
 
Preussich‑Eylau, 14 juin 1807, 3 heures et demie du matin.


 
Le maréchal Soult se met en mouvement à quatre heures du matin, pour se porter droit sur Kœnigsberg. Il est tout simple que l’ennemi ait mis toutes ses pièces de canon en batterie. Il est fâcheux qu’il n’ait pas été jeté dans la place dès hier ; une grande quantité de bagages et bon nombre de pièces et de troupes n’auraient pas pu joindre et seraient venues tomber en notre pouvoir. Toute cette artillerie aura sans doute filé pendant la nuit. S’il en est autrement, elle doit être entre vos mains. Il ne faut pas s’amuser à des attaques de front, mais tourner les positions de l’ennemi et marcher sur Kœnigsberg. La division Morand s’est mise en marche hier soir à six heures, et a dû rejoindre le maréchal Davout. Il n’y a pas un moment à perdre pour entrer dans la ville. La Pregel n’est pas large ; si l’ennemi a mis un grand nombre de pièces sur les remparts et expose ainsi la ville à être prise d'assaut, il faut, pendant qu’on rassemblera les bateaux et autres moyens de passer, faire sommer la place et exposer les malheurs auxquels on va livrer cette grande cité. Je suppose qu’avant onze heures du matin vous m’aurez appris que mes troupes sont à Kœnigsberg. Il faut que des partis de cavalerie se dirigent sur-le-champ sur toutes les routes à la poursuite de l'ennemi. On pourra employer le maréchal Soult tout entier et du maréchal Davout seulement ce qui sera nécessaire. Il faut envoyer aussi de la cavalerie sur toutes les routes en arrière, pour ramasser les traîneurs et s’emparer de tous les magasins, hôpitaux et établissements de l’ennemi, aussi bien que pour assurer ces routes.
 
                           NAPOLÉON.
 
Archives de l’Empire.
 


 
933. - ORDRES POUR LA BATAILLE DE FRIEDLAND.
 
Au bivouac en arrière de Posthenen, 14 juin 1807.


 
Le maréchal Ney prendra la droite, depuis Pos­thenen jusque vers Sortlack, et il appuiera à la posi­tion actuelle du général Oudinot. Le maréchal Lannes fera le centre, qui commencera à la gauche du maréchal Ney, depuis Heinrichsdorf, jusqu’à peu près vis-à-vis le village de Posthenen. Les grenadiers d’Oudinot, qui forment actuellement la droite du maréchal Lannes, appuieront insensiblement à gauche, pour attirer sur eux l’attention de l’ennemi. Le maréchal Lannes reploiera ses divisions autant qu’il le pourra, et, par ce ploiement, il aura la facilité de se placer sur deux lignes. La gauche sera formée par le maréchal Mortier, tenant Heinrichsdorf et la route de Kœnigsberg, et de là s’étendant en face de l’aile droite des Russes. Le maréchal Mortier n’avancera jamais, le mouvement devant être fait par notre droite, qui pivotera sur la gauche.
 
La cavalerie du général Espagne et les dragons du général Grouchy, réunis à la cavalerie de l’aile gauche, manœuvreront pour faire le plus de mal possible à l’ennemi, lorsque celui-ci, pressé par l’attaque vigoureuse de notre droite, sentira la nécessité de battre en retraite.
 
Le général Victor et la Garde impériale à pied et à cheval formeront la réserve et seront placés à Grünhof, Bothkeim et derrière Posthenen.
 
La division des dragons Laboussaye sera sous les ordres du général Victor ; celle des dragons Latour­-Maubourg obéira au maréchal Ney ; la division de grosse cavalerie du général Nansouty sera à la disposition du maréchal Lannes, et combattra avec la cavalerie du corps d’armée de réserve, au centre.
 
Je me trouverai à la réserve.
 
On doit toujours avancer par la droite, et on doit laisser l’initiative du mouvement au maréchal Ney, qui attendra mes ordres pour commencer.
 
Du moment que la droite se portera sur l’ennemi, tous les canons de la ligne devront doubler leur feu dans la direction utile, pour protéger l’attaque de cette aile.
 
NAPOLÉON.

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